Ce que mes lectures disent de moi


Art, Littérature / jeudi, septembre 25th, 2014

Ce post est une réponse à un billet lu ce matin sur Ithaque coaching. L’auteur, Sylvaine Pascual, y raconte les lectures qui l’ont marquée et ce qu’elles ont signifié pour elle.

J’ai pour la littérature une estime très haute puisque je la tiens pour essentielle. J’ai d’ailleurs consacré un billet au développement de l’empathie chez l’enfant dans lequel je parle du rôle important de la lecture dans l’acquisition de cette compétence clé qu’est la capacité à se mettre à la place d’autrui.
L’intérêt des livres que j’ai lus n’est pas seulement d’avoir été formateurs. Il est aussi de m’avoir permis d’accéder à des connaissances et des points de vue qui nourrissent la pensée des décisionnaires et des contestataires qui façonnent notre société. C’est pour aller dans ce sens que je ne lis pas seulement les livres qui me plaisent, mais aussi ceux me sont présentés comme des références.

Voici quelques livres parmi ceux qui comptent à mes yeux.

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La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole (titre original « A Confederacy of Dunces« ).
Ce livre met en scène un personnage s’opposant au réel de façon aussi caricaturale que désopilante. Sa manière absurde et obstinée de résister aux règles qui régissent la société et la vie professionnelle nous donne, paradoxalement, les clés pour mieux comprendre notre monde. Plus il y résiste, plus il nous l’explique. J’ai compris en lisant ce livre que les gens raisonnables ont moins à nous apprendre que ceux qui sont à la marge de façon pleinement affirmée.

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1984, de George Orwell

Ce livre m’a stupéfiée et terrifiée en même temps. ll est à l’origine de mon extrême méfiance de la classe politique, de ma volonté de ne pas laisser la démocratie vivoter par peur de la voir s’éteindre, de mon sentiment de révolte à chaque fois que je vois mes concitoyens se laisser endormir. Grâce à ce livre mais aussi à des auteurs comme Koestler, Soljenitsyne, Camus, Sartre, j’ai pris conscience des pièges insidieux qui se cachent derrière le confort et la sécurité que nous vendent les dirigeants et les hommes de marketing.
Vivre en société et aimer les humains qui la composent, c’est aussi garder les yeux ouverts tout en conservant une indispensable dose de bienveillance et d’optimisme.

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A la recherche du temps perdu de Marcel Proust
Cette lecture m’a prise par surprise un mois de juillet de mes 20 ans. J’étais en vacances au bord de la mer et il pleuvait sans cesse. Je découvris alors les états d’âme maladifs du plus humain des écrivains. Je pris conscience qu’il existait des êtres capables non seulement d’assumer leurs névroses mais même de les décrire. Cher Marcel, tu me faisais l’effet de ces élèves qui soulagent toute une classe en levant la main pour dire qu’ils n’ont pas compris la leçon. Pour ma part et grâce à toi, j’ai retenu l’idée qu’il me fallait, à chaque fois que j’en avais l’occasion, soulager mes semblables en leur exprimant l’idée que ma faiblesse et ma sensibilité sont similaires aux leurs.

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Nadja d’André Breton

Ce livre mystérieux à la construction étonnante m’a semblé si vibrant et si moderne que lorsque je l’ai découvert vers l’âge de 16 ans, il m’a été difficile d’accepter l’idée que son auteur était mort et le surréalisme dépassé. Autour de moi le réel était organisé et chacun tenait son rôle à la place assignée. Peu à peu je me suis remise de cette lecture, mais ce ne fut pas sans mal.

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La mort est mon métier de Robert Merle

Lire ce livre est une épreuve pour tout être humain doté d’empathie. En conduisant le lecteur à éprouver de la compassion pour un personnage dont les actes furent monstrueux, il détruit un certain nombre d’idées reçues et oblige à une réflexion intense. Ceux qui connaissent ma fâcheuse tendance à me faire l’avocat du diable diront que ce livre l’explique en grande partie. C’est en tout cas une théorie assez valable 🙂

L'enfant et la riviere - Henri BoscoL’enfant et la rivière d’Henri Bosco

J’ai lu ce livre en classe de CM2. Mon enseignante l’avait inclus dans une liste de lectures obligatoires où figurait également un autre livre qui me plut beaucoup : Le Pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhotel. Je découvris que l’écriture pouvait être poétique et pas seulement narrative. Cette lecture m’apprit aussi une chose essentielle me concernant : que le vagabondage m’attire irrésistiblement.

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