Non, pitié, pas cette image ! Vue, revue, trop vue.


Pratiques professionnelles, Sélection d'articles, SEO / mercredi, octobre 22nd, 2014

Vous pensez avoir trouvé la photo parfaite pour illustrer le merveilleux texte que vous venez d’écrire ? Attention, avant de vous précipiter pour en acheter les droits, prenez le temps d’y réfléchir !

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Les producteurs de contenus web sont très souvent amenés à choisir eux-même les images qui illustreront leurs textes. S’improvisant iconographes, ils se trouvent encouragés dans cette démarche par les banques d’images en ligne comme istockphoto ou Fotolia. En proposant un vaste choix à des prix très attractifs, ces banques d’images ont considérablement modifié la façon de consommer photos, vidéos et illustrations. On tombe rapidement sur le contenu visuel souhaité et on en acquiert les droits à un prix dérisoire qui accélère la prise de décision.

Les banques d’images n’ont pas cessé de faire des profits depuis qu’elles nous proposent ces contenus visuels à des prix fantastiques. Elles ont simplement changé de modèle économique et se sont organisées autour de l’idée que les gens, toutes sortes de gens, seraient nombreux, très trop nombreux, à acheter le droit d’utiliser leurs photos. Il en résulte que la même photo peut se retrouver tout aussi bien sur une affiche vendant les mérites d’un produit que dans un article informatif, le tract d’une association ou encore un post twitter.

Ce ne serait pas tellement gênant si nous n’avions pas tous tendance à choisir les mêmes photos, malgré l’étendue de l’offre qui laisse penser que le contraire est possible. C’est un peu comme les bébés et leurs prénoms : chacun pense en nommant son enfant s’être affranchi des modes et avoir choisi un prénom original. Et pourtant, des tendances de prénoms continuent de se dessiner année après année. Rien n’est plus commun que l’envie de se singulariser, rien n’est plus rare que d’y parvenir réellement.

Il n’est pas certain que le grand public ait assez de mémoire pour faire le rapprochement entre les différents clichés de la même série qu’il voit sur des supports variés. Les images sont souvent traitées de telle façon que le sujet initial en devient parfois difficilement identifiable. Mais de façon inconsciente nous sommes tous affectés par la banalisation de ces images. Cette banalisation qui finit par desservir le propos que l’on essaie de tenir.

joieImaginez que pour illustrer votre article sur les bienfaits de la relaxation, vous ayez sélectionné une photo où une jeune femme exprime une grande joie de vivre sur fond de nature. Souriante, jolie, elle pourrait être une version optimale de the girl next door.
Sauf qu’elle n’est pas votre voisine, mais la fille la plus célèbre du monde. Nous suivons tous les aventures de sa vie depuis déjà pas mal d’années.

stock-photo-17104925-paris-tourist-happyAlors avant de lui faire endosser le message qui vous tient à coeur, n’oubliez pas que cette jeune femme est riche d’un passé très divers !

Elle a pratiqué tous les sports, exercé tous les métiers, visité toutes les villes touristiques.

jf_modeleElle a tenté de nous faire acheter des logiciels, des abonnements dans des salles de sports. Elle a essayé de nous convaincre de nous inscrire sur un site de rencontres, mais aussi dans un établissement de formation au management.

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Pour le cas où la formation au management ne donnerait pas le résultat escompté, elle a donné de sa personne pour nous convaincre de devenir trader…

Vu son agenda surchargé, il serait peut-être raisonnable de la laisser se reposer un peu.

stock-photo-18318945-woman-singing-in-bath-shower Et de chercher, pour illustrer nos écrits, des contenus visuels un peu moins vus et revus. Surtout si vous souhaitez illustrer du contenu froid ou un objet durable, comme un livre. Un petit tour chez gettyimages.fr permet de se faire une idée de ce qu’on peut espérer trouver en y mettant le prix. Ce qui n’empêche pas de continuer à utiliser les services des banques d’images les moins chères, mais en ayant un regard plus critique.
Pour ma part, j’essaie d’appliquer le principe suivant : passer du temps à chercher la photo de ses rêves. Si on la trouve trop vite, c’est sans doute qu’on n’est pas les seuls à l’avoir trouvée !
Pour finir, voici une sélection de banques d’images, permettant de varier ses recherches :

6 réponses à « Non, pitié, pas cette image ! Vue, revue, trop vue. »

  1. Bonjour et merci pour cet article ; il recoupe bien ce que je pense et que j’ai aussi traité dans un ou deux billets sur mon blog 🙂

    Les images lisses que l’on achète sur des banques d’images ne transmettent aucune émotion, or il me semble que l’émotion est un facteur clef de différentiation dans la communication. Toutes les images style « corporate » que l’on trouve à foison sur les sites Internet sont une abomination. Elles sont devenues pour moi un critère de défiance envers l’entreprise qui les utilise.

    Pourtant, en se creusant un peu la tête, on arrive à trouver des images qui coïncident avec le propos. Il existe même des outils sur le web, à l’instar de Canva, qui permettent de créer des images… donc pas d’excuse ! J’utilise pour ma part des images issues de films ou de dessins animées pour illustrer mes articles de blog (jusqu’à présent, Disney/Pixar ne m’a pas trop embêté :-))

  2. Merci pour cet article qui résume bien ce que pensent de nombreux graphistes, mais qui à leur grand désarroi n’ont pas la possibilité de faire autrement, la faute à des budgets de plus en plus serrés, surtout sur l’achat d’art.

    Quand c’est le même modèle et que les photos sont différentes, ça peut encore passer.
    Mais quand c’est exactement la même photo qu l’on retrouve en même temps dans les docs de comm’ d’une mutuelle, d’une assurance et d’une banque (la petite famille du bonheur, le senior souriant…), là c’est plus problématique.
    Tout cela contribue à aseptiser la communication, on ne sait plus au final qui fait quoi, à l’image justement des 3 secteurs que j’ai cité, et qui tendent à faire le métier des uns des autres. Aucun élément différenciant, en tout cas pas ces visuels, qui ne sont que des illustrations, conçues pour remplir les blancs et créer un peu d’animation dans l’argumentaire.

    1. Je comprends votre désarroi . Il est bien difficile de devoir se battre sur ce genre d’aspects. Mais il ne faut pas baisser les bras et continuer d’avancer jour après jour les arguments qui justifient vos positions. Certains décideurs qui vous coupent les budgets pourraient changer d’avis à partir d’un argumentaire bien travaillé. Il ne faut pas renoncer et continuer à oeuvrer pour créer de la valeur.

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